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Lorens l'herboriste-alchimiste de Ins (Suisse romande)
Ins, un magnifique écovillage

Ins (Anet en Français) est magnifique village de 3000 habitants situé près du lac de Neuchâtel dans la partie Romande de la Suisse. La vieille ville, où nous avons passé l’ensemble de notre séjour, est caractérisée par de grandes bâtisses constituant de vastes logements, des commerces de proximité et une ancienne école Steiner (Rudolf Steiner est connu et renommé en Suisse et en Allemagne pour avoir théorisé un système pédagogique et l'agriculture biodynamique) au centre, qui allait réouvrir peu de temps après notre passage en mai 2019. Les vieilles et grandes maisons au bardage et débords de toitures ornées de frises détaillées en bois rythment de manière aléatoire le paysage. Entre elles, un dédale de petites allées caillouteuses serpentent, permettant d’apercevoir au détours de murets de pierres brutes, de magnifiques jardins dont les essences et les couleurs rivalisent de beauté.

A quelques pas du centre se trouve le Rosen Garten (jardin des roses), un jardin luxuriant qui servait de lieu d’expression et d’expérimentation pour les élèves de l’école et qui accueille aujourd'hui des simples passants jusqu'à divers événements tout au long de l'année. Au centre on y trouve un cercle de 25 mètres de diamètre où ont été hérités 12 sièges géants qui représentent chacun un signe du zodiac, le tout recouvert de mosaïques multicolores. Ici et là on trouve des arbres centenaires, des huttes en bois, une grotte, un jardin des cinq sens ainsi que de nombreuses statues... qui laissent imaginer l’enthousiasme des enfants qui venaient en ce lieu les jours d’école et la créativité que cela devait leur inspirer.

Ce vieux village a été en grand partie rénové par la famille Seiler qui créa une fondation pour accueillir des enfants maltraités ou réfugiés dans cette ville qui leur servait de vaste foyer d’accueil. Le projet a pris fin il y a 4 ans mais la fondation a perduré, louant à présent la vingtaine de maison du village à des particuliers.

Les Seiler sont propriétaires de quelques maisons individuelles et d’anciennes longères du 17-18ème siècle qui logent pour certaines une quinzaine de colocataires de tous âges !
A la création de ces habitats communautaires et sous le format « d’appel à projets », la fondation demande aux locataires de participer à développer un projet associatif social ou environnemental au sein de la collocation. Ainsi, Ins est une mosaïque de projets alternatifs propres à chaque maison, indépendants les uns des autres mais intimement connectés. L’entraide et l’échange de savoirs(-faire) n’ont pas de frontière, chacun rend visite et apprend de l’autre dans une chaleureuse et conviviale ambiance.

Rencontre de Lorens, herboriste-alchimiste, fondateur de l'école des plantes
Lorens, nôtre hôte, professeur herboriste et alchimiste à la Kräuterschule, l’école des plantes, habite une petite roulotte qui y fait face. A l’intérieur on y trouve des instruments de verre-pierre-bois en tous genres, des plantes médicinales en séchage suspendues au plafond ainsi que des fioles et flacons contenant des teintures, des alambic, des huiles essentielles, des pommades et des pestos.
Nous avons dormi à l’étage qui sert de séchoir aux plantes que Lorens va cueillir en forêt, qu'il fait pousser dans plusieurs jardins dans les alentours ou trouve devant sa porte. Il y règne une forte chaleur à l’odeur florale agréable. De grandes étagères de 3,5*1,5m en toile permettent de sécher un maximum de plantes dans un moindre espace. Pour transformer ses plantes, Lorens a aussi créé un atelier de distillation et un espace de conservation/stockage maintenu à température et hygrométrie constante au sous-sol.
Lorens est un homme hors du commun : paré de long cheveux hirsutes qui couvrent les cotés de sa tête, il ressemble à un chimiste qui viendrait de rater une folle expérience. La profondeur et le calme qu’on trouve dans ses yeux ainsi que la douceur de sa voix nous a immédiatement mis en confiance. Outre ses connaissances d’herboriste et d’alchimiste, Lorens est très ouvert à la spiritualité, cultivant ardemment la profondeur de l’instant présent. Attentif, doux et attentionnée, les discussions sont avec lui passionnantes et pleines de sagesse. La connaissance poussée de la nature et le respect qu’il a pour la vie force l’admiration et inspirera tout cœur attentif et curieux.
L'interview ci-dessous permet de comprendre son approche de spécialiste du bien-être et de la santé et ainsi, de prendre du recul sur le rôle de l’industrie pharmaceutique et sur notre vision préconçue de « la maladie ». Comme plusieurs de nos rencontres sur la route, il explique pourquoi le changement passe avant tout par un travail intérieur individuel pour rayonner ensuite sur l'extérieur…
Références de la vidéo :
Masaru Emoto (1943-2014) : Formes et mémoire de l'eau (lien documentaire),
Victor Schauberger (1885-1958) : Techniques d'implosion, mouvements de vortex pour purifier/dynamiser l'eau.
Attention scientifiques controversés !
Notre curiosité, sa passion et sa large connaissance du vivant nous a poussé à reconsidérer notre relation à l’environnement : nos action en tant qu’humains suivent un rythme bien plus intense que celui du végétatif. Les arbres, les plantes, la terre, la roche, le sable se meuvent dans un balais lent et continu, presque invisible à nos yeux. Tirant leur énergie du soleil, de l’air et de la terre, ils permettent à tous les animaux (humains compris) de se nourrir, de se vêtir, se loger, épurent notre eau et notre air…
Cueillette de plantes aromatiques et médicinales (PAM)
Ainsi, prenant le temps de nous initier aux plantes médicinales dans son jardin ou en forêt, nous nous sommes encore rapprochés de la nature et éveillé à sa beauté.
Plantes cueillies en forêt :
- Urtica dioica (grande ortie) et urtica urens (ortie brûlante), très riche en protéines, épure les reins et le foie,
- Aspercula otorata (asperule odorante) dont on fait du ponch traditionnellement,
- Geranium Robertianium (géranium Herbe à Robert) pour la fertilité,
- Asperula Odorata (asperule odorante),
- Lamium purpureum (lamier pourpre), Lamium galeobdolon (lamier jaune), lamium album (lamier blanc) pour réguler les hormones et les menstruations,
- Oxalis acetosella (Oxalis),
- Pulmonaria Officinalis (pulmonaire officinale).
Plantes plantées au jardin médicinal :
- Borago officinalis L. (Bourrache) : fleurs délicieuses en salade, feuilles trempées dans une pâte à beignets et cuites à la poële et médicament pour le cœur,
- Equinacea purpurea (échinacée pourpre) renforce le système immunitaire,
- Dipsacus fullonum (Cardère sauvage) et Carduus marianus (chardon-marie) : détoxication du fois, épuration du corps,
- L'Aubépine monogyne (Crataegus monogyna) : régule la pression du sang (mélanger fleurs et des fruits)
- Allium sativum (ail cultivé) : utilisé en cuisine et désinfectant,
- Monarda didyma (Monarde) comme la Melissa officinalis (mélisse) et l’Achillée millefeuille (Achillea millefolium) : permet de soulager les douleurs des menstruations, stoppe les saignements des plaies cutanées,
- Millepertuis perforatum (Millepertuis perforé) : détend les nerfs, déstresse, régule les émotions en teinture mère et soulage les brûlures et coups de soleil en macérat huileux,
- Artemisia absinthium (Absinthe) : soulage les douleurs d’estomac et bonne à l’apéritif,
- Galium aparine (Gaillet gratteron) : bon pour les maladies de peau (eczémas),
- Mentha × piperita (menthe poivrée) et menthe marocaine en thé et tisanes,
- Malva sylvestris (Mauve Malva) : à appliquer sur les blessures pour éviter les infections,
- Calendula officinalis (Souci officinal) : à utiliser pour les blessure et le fois, permet de donner de la couleur aux tisanes,
- Ilex aquifolium (Houx) : comme de nombreuses plantes persistantes, il est utilisée pendant les rituels pour se connecter au cosmos,
- Allium ursinum (Ail des ours) : délicieux en pestos avec de pâtes,
- Ruta graveolens (Rue officinale) : utilisée pour faire des pommades pour soulager les douleurs, anesthésiant,
- Rubus idaeus (Framboisier) : régule les menstruations et l’élasticité (la concentration en oxygène) des muscles pour les femmes enceinte et les sportifs,
- Acanthus (les Acanthes) : plante provenant d’Égypte qui donne de belles fleurs ouvertes pendant longtemps.
- Symphytum (consoude),
- Echinacea Pupurea (échinacée pourpre) pour le système immunitaire,
- Foeniculum vulgare (Fenouil),
- Hyssopus officinalis (Hysope),
- Origanum vulgare (Origan),
- Leonuros Cardia (agripaume) pour réguler la pression sanguine du cœur,
- Achillea millefolium (achillée) pour les menstruations et stopper les saignements,
- Armoracia rusticana (Ray fort),
- Artemisia vulgaris (armoise) plante très importante au jardin,
- Borago officinalis (bourrache) pour le système digestif,
- Tilia (tilleul),
- Inula elenium (Aunée),
- Silybum marianum (chardon),
- Anthriscus cerefolium (cerfeuil),
- Pulsatilla vulgaris (anémone pulsatile),
- Melissa officinalis (mélisse) en thé-tisane,
- Arctium Lappa (grande bardane).
Une fois rentré à la l’école des plantes, nous avons mis du lamier pourpre à macérer dans une jarre de verre, extrait le pigment d’une teinture de gentiane ayant macéré dans de l’alcool (ou du vinaigre). Nous n'avons eu qu'un aperçu des usages que nous pouvons tirer de ces plantes que l'on considère souvent comme "mauvaises", que l'on nomme dans le milieu agricole "adventices" (qui n'a pas sa place) ou "salissures" alors qu'elles sont bio-indicatrices (Cf. ouvrage de Gerard Ducerf, Guide de diagnostic des sols) du type de sol qui se trouve à leurs pieds. Elles permettent aussi de faire de la phytoépuration, c'est à dire de potabiliser l'eau et de la phytoremédiation, c'est à dire de dépolluer le sol.
Les plantes médicinales, sauvages et libres de droits bordent nos chemins de forêt et son accessibles à portée de bras ! La nature nous donne tout ce qu’il nous faut pour vivre heureux et en santé, il nous faut juste prendre le temps de les considérer et de nous baisser. Connaître les plantes qui sont autour de chez nous, endémiques donc adaptées à notre environnement comme à notre corps, nous permet d’avoir d’avantage conscience de l’incroyable richesse de la nature, amenant respect et compréhension du monde vivant. Elles nous permettent de mieux nous connaître en tant qu’individu, en tant que communauté et nous apportent résilience et autonomie. Elles sont les "producteurs primaires" (Cf. notion de niveau trophique) de la nature, tirant leur énergie du soleil, elles nourrissent silencieusement et généreusement toute la chaîne alimentaire, nous permettent de nous vêtir, de nous loger, de nous soigner... et de nous émerveiller !

Clarence de CycleHope